fuite du manoir

début

*Ambre marchait d'un bon pas dans la forêt, persuadée que la maître des lieux n'était plus que cendres à ce moment...n'ayant besoin de se justifier de son paquetage et du cheval qu'elle avait l'habitude de prendre pour partir un ou deux jours du manoir...pour ses diverses expériences et observations...

sa capuche brune sur les yeux, sa tenue un peu plus riche qu'à son arrivée elle marche droit devant elle, pensant qu'elle aurait pu verser quelque poison dans les cuisines...pour les autres habitants vivants et tout aussi maléfiques que leur saigneur...mais celà elle n'en avait pas eu le temps...et puis...beaucoup de serviteurs semblaient être aux aguets...

la lune commence à monter dans le ciel...ne s'étant arrêtée depuis sa fuite, par crainte d'une quelconque vengeance, elle commence à fatiguée et décide de faire une légère halte...Elle marche encore sur une bonne centaine de pieds avant de repérer une petite grotte peu rpofonde, mais qui pourra, elle et sa monture, les abritter de regards indésirables.

Elle fait rentrer son cheval puis va chercher quelque grands feuillages pour masquer l'entrée...dans le fond de son antre elle rassemble des branches sèches et les enflamme d'un mot de pouvoir. Elle grignotte un morceau de pain avec peu d'appétit puis s'emitouffle un peu plus dans sa cape, posant sa tête contre la paroie et ferme les yeux avec un soupir de soulagement.

Reclus dans sa crypte, le golem passa le reste de la journée à régénérer son réceptacle de chair des brûlures des flammes ayant percé son voile psychique. La tâche était ardue et épuisante malgré la répétition régulière de ce rituel, Lucifel en gardait des stigmates sur son mental.

Pas même un apprenti n’osa le déranger dans sa loge, les flammes avaient été dominées en fin d’après-midi, ne laissant des précieux meubles du « saigneur » qu’un amas de cendres abruptes et une âcre odeur de cuir boucané. Dans l’histoire d’Anagura, cet évènement se plaçait sans doute dans les dix plus dévastateur en n’en demeurant que fortuit.

Lucifel avait troqué ses robes de soierie serties de bijoux radieux contre sa mante grisâtre de Nosferatus. Sa chevelure violine était coiffée vulgairement et dissimulée sous une cape qui retombait sur son visage de cire.
Le voile nocturne ne tarderait plus à dévorer les cieux, ce n’était plus qu’une question de minute désormais avant que la frêle créature puisse se jeter à la poursuite de la traîtresse…
Il veilla cependant consciencieusement à ne pas perdre sa trace, ne se fiant désormais plus uniquement à ses sens et son instinct [fortement altérés].

Voilà un objet qui n’avait été usité depuis des lustres, il dépoussiéra lentement le tartan qui le couvrait avant de l’ôter.
Une sphère d’un cristal opalin et pur dans lequel se reflétait les candélabres en une myriade de couleurs. Le golem entonna d’une voix sibylline quelques psalmodies tout en fixant au travers de la sphère.

- Voila donc où tu te cache mon enfant, il me sera aisé de te ramener avant l’aurore…

A cette exquise pensée le golem s’élança d’un pas pressé vers les écuries, fit atteler son dragon sans délai et une heure à peine après le couché de Pelor, il parcourait l’étendue de son domaine…





La galbe pure d’un visage d’ange sous sa main, il caressait précieusement les joues de l’enfant remontant dans sa chevelure rutilante pour en dégager l’encolure. Vilaine tentation qui le hantait dans ce court interlude où sa protégée demeurait inconsciente, luttant contre l’envie pressante de ces veines que nul n’avait jamais souillé de ses crocs. Adossé à la paroi, les frêles muscles de son corps remplaçant cette dernière pour accueillir la tête de la jeune femme, il l’enveloppait de sa cape pour la couvrir de l’humidité ambiante. Combien de temps encore avant qu’elle s’extirpe de sa torpeur ?
La voix du "saigneur" souffla comme un murmure au creux de son oreille, jusqu'à atteindre les méandres les plus reculées de ses rêves :

- Quoi de plus attendrissant qu’une enfant endormie ? Pensais-tu pouvoir rompre un sous-seing aussi aisément ? Ambre…

*Ambre se réveille en sursaut...agacée dans ses rêves par quelque chose qui devrait être en cendre...
Devant le visage bien en chair du saigneur elle pâlit et balbutie*

vous...vous ne devriez pas être là!

*puis s'apaise...elle songe qu'elle doit toujours être dans son rêve...
pourtant...devant la réalité de la scène elle ne peux s'empêcher de frémir...un rêve n'est pas aussi clair que cela...et quand ils sont aussi clair, Ambre a appris à les contrôler...elle essaie de faire disparaitre l'image qui lui fait face, et, devant l'échec se mord la lèvre.

Elle modèle sa voix pour tenter de la garder claire et sourit plus ou moin calmement*

aaah...je suis heureuse de vous savoir...huum...en vie...j'ai juste voulu recupérer un parchemin que j'avais laissé dans votre chambre...et...huum...la bougie que je tenais à la main m'a échappé...ma flamme de magie s'est tout de suite attaqué à votre tapis et je n'ai pu réussir à l'éteindre...j'ai...j'ai paniqué et j'ai fui...pourriez vous m'excuser?

L’étreinte du « Saigneur » se resserra indubitablement. Nulle aigreur dans ses yeux d’améthyste, nulle colère et bien moins d’avanie. Une lueur de sadisme mêlée de stupres renaissants, sa main qui lentement déchire la chair tendre dans le cou de l’adolescente. De ce sang vermeil il se repaît doucement, savourant ces fines gouttelettes avec le ronronnement d’un félin, n’osant y plonger ses canines d’ivoire comme dans un fruit défendu.

Il entend battre le cœur de son arpète tout comme son souffle embrasé, ne prêtant qu’une faible attention à ses paroles. Il paraissait jouer avec elle, jouer avec le mal que lui avait transmit Melo lors de sa réincarnation. Qu’était la nature de son attachement à Ambre ? Pourquoi ne la tuait-il pas pour son audace et les blessures qu’elle lui avait causées ?

Il poursuivit son jeu, murmurant à l’oreille de l’enfant qu’il tenait dans ses bras :

- Le pardon ne se paie-t-il pas très cher ? Ne donnerais-tu pas ton sang pour l’absolution d’Hécate ? Que gagnerais-je à te donner le mien si facilement ? D’autres brûlures peut-être ? A moins que tu ne tires enseignement de ton échec pour réussir à m’occire la prochaine fois ?

Il ricane doucement tout en relevant le menton de la jeune femme, afin de mieux voir la plaie d’où le sang s’écoulait encore inlassablement en un mince filet écarlate. Puis sa main abandonne sa prise pour plonger dans sa mante et en retirer un petit flacon d’adamantine. Il en fait sauter le bouchon de cire d’une pression du pouce et la porte aux lèvres d’Ambre…

- Bois mon enfant, où ton sang s’écoulera jusqu’à ton trépas. Abandonne toi à moi, où je n’aurai que faire de ton existence. C’est un gage de confiance…

*la jeune femme tente discrètement de saisir une dague à sa ceinture, mais l'étreinte du golem se resserant, elle ne parvient qu'à caresser la lame d'un geste desepéré.
ne voyant pas d'autre sortie et bien qu'un leger tremblement agite ses muscles de manière incontrôlable, elle laisse Lucifel se repaitre de son sang, ne lui laissant pas le plaisir de lui montrer son désarois, ni de laisser filtrer un son de ses lèvres. oooh oui, elle tirerait parti de cette expérience pour l'occire plus efficacement...et toutes les créatures sombres hantant le manoir...

Devant le choix offert, elle laisse le liquide s'écouler entre ses lèvres...la gorgée qu'elle avale lui brûle la gorge et la fait tousser...Ambre lutte un instant contre le sommeil et l'engourdissement qui la prend, puis sa tête se met à tourner et elle sombre dans des rêves invraissemblables...Son village...les gens l'évitant...les paroles de la pythie répétées chaque jour...des formes fusent devant ses yeux entrouvers...dansent et se fondent dans une ronde hypnotique...
Elle sent une chaleur diffuse envahir son corps, et ressent un chatouillement au niveau où Lucifel lui a entaillé le cou...l'étreinte de ce dernier s'étant relaché, elle porte la main à l'endroit et s'aperçoit que le sang ne coule plus, et que la cicatrice s'est refermée...
Soupir de soulagement...Elle n'en veux bizarement plus au saigneur...de toute façon c'est le seul qui l'ai jamais si bien accueilli non?

Ambre tente de se lever, mais elle retombe lamentablement, encor sous les effets de la drogues, ses jambes ont tellement de mal à la porter...

"huuum, je ne me sens pas très bien...je crois que je suis malade..."

Le golem ne se contentait plus dès lors que d’envelopper l’adolescente dans sa cape, l’étreinte devenue légère comme une caresse pour celle qui n’avait plus la force de lutter.
Il palpa son visage en sueur sous les effets de la drogue, les fièvres l’emportant lentement vers un profond sommeil mêlé de chimères et de démence.


- Ne lutte pas mon enfant laisse toi prendre par Morphée. Ouvres-lui ton âme…


Elle semblait encore si fragile, exaltée et ivre, elle qui ne se contentait que de fruits et de fleurs. Elle découvrait désormais leur secret au delà du sucre et des parfums, les vices cachés des plantes explorés depuis de millénaire par les sociétés humaines… Lucifel restait silencieux, contemplant l’enfant endormie dans ses bras, il songeait à ses premières expériences chimériques et à la passion que cela avait suscité chez lui.


Cependant, la nuit avait atteint un stade avancé et il faudrait bientôt rompre cet intermède pour regagner le manoir. Laissant sa mante enroulée autour d’Ambre il la porta hors de la grotte et regagna son cuirassier.

La lune était encore haute dans les cieux et sa lueur mourait à petit feu derrière un voile de brume décimant la roche du mont Anagura. Seul la forme brute de l’écailleux perçait l’obscurité par les mimiques lugubres de ses longues ailes écarlates.
Se posant dans la longue allée bordant le manoir, le saigneur fut rejoint par une multitude de laquais tous couverts de suie, les haillons en loque. L’un d’eux s’avança :


- Le feu a été définitivement maîtrisé mon seigneur, dès l’aube les servantes s’affaireront à remettre vos quartiers en l’état.
Comme vous l’aviez demandé, nous avons aménagé une couche pour votre élève dans la crypte. Puis-je ?


Le laquais accueillit l’adolescente endormie, très vite assisté par deux autres, pour la transporter dans ses nouveaux quartiers.
Lucifel quand à lui se rendit dans l’aile Nord afin de prendre mesure des dégâts de l’incendie ; avant de rejoindre Ambre… Plus tard…