retour au manoir

scène précédante

Ambre commence à émerger de sa semi-torpeur…un goût métallique et âcre dans la bouche…elle entrouvre les yeux et analyse la pièce où elle se trouve…
Confortablement installée sur une couche aux riches couvertures. Lève le regard et tombe sur le genre de meuble qu’affectionne Lucifel…sombres, luxueux…
Des murs de pierre…une pâle lumière emmenant d’une bougie prête à s’éteindre au moindre souffle sur la table à côté de la couche de la jeune femme.

Elle secoue sa tête, encor embrumée de demi-souvenirs…elle était pourtant certaine de s’être arrêtée dans une grotte…mais qui aurait pu l’amener ici ? aah…oui…maintenant elle se souvient…le visage du saigneur au-dessus du sien…très serein…et puis sa mixture qu’elle a du avaler…c’était quoi déjà ? Elle se souvient du goût de certaines plantes hallucinogènes quelle avait étudié avec cette sorcière de Pythie…pourquoi ne l’a t’il pas tuée ? Ce genre de créature démoniaque pouvait elle se montrer magnanime ? difficile à dire…et puis…son mensonge n’avait pas été assez convaincant…donc…

Elle laisse pendre ses jambes hors de la couche…les laissant balancer quelques secondes, mirant le plafond, songeuse…où se trouve t’elle ? Revenue au château ? Elle se lève puis prend une bougie neuve qu’elle lance sur la porte…pour faire échouer un éventuel sort…rien…attends un moment, puis se décide à poser la main sur la poignée pour ouvrir.

Un long couloir étroit, difficilement éclairé par des torches fichées dans le mur, des torches évoquant de longs bras décharnés…Ambre en prend une allumée qu’elle élève devant elle. Les murs glacés l’enserrant lui rappellent un début de claustrophobie…elle fait quelques pas…si elle se souvient bien ce doit être les cryptes du manoir dont ce cher Lucifel lui a parlé…huuum…ce dédale est truffé de pièges et d’oubliettes…se serait du suicide de continuer à avancer sans un guide sur…le visage froid de la jeune femme se fend d’une grimace de rage et elle jette la torche au loin sur les dalles à cinq pieds devant elle…dans un fracas assourdissant la partie droite du couloir se hérisse de piques qui la font pâlir instantanément et reculer rapidement dans la chambre. Elle ferme la porte bruyamment et s’adosse contre celle ci, avant de glisser jusqu’au sol et de refermer ses bras autour des jambes qu’elle ramène contre elle. Elle crache au sol et profère une malédiction…

La nuit s’achevait à peine, la voûte céleste cédant à l’aurore un teinte embrasée amarante et brillante. Curieux spectacle pour le Golem qui n’en supporta que très peu les rayons dévastateurs qui déjà noircissaient sa chair dissimulée sous une mante épaisse de tussor.

La silhouette du manoir prenait une autre allure sous la lueur accablante de pélor, moins ardente, quelque peu insipide à l’instar de la pierre grisâtre et halé qui semblait terne et rance.
La tour Nord s’élevait, plus haute que les autres, pour culminer en un pic fumant de part l’incendie de la veille, une coulée de suie arpentant la roche en de fine striures irrégulière. Seuls les corbeaux profitaient de ce spectacle avec délectation, tournoyant dans les airs à la recherche d’une charogne encore fraîche de la nuit dernière.

Lucifel quitta l’Eden pour regagner le manoir, quelques minutes encore et ses membres se disloquaient d’eux-mêmes pour être réduits à néant.
Il aimait cet instant où il semblait pourtant si vulnérable. Sa nouvelle nature lui permettait d’apprécier un lever de soleil sans dommages irréversibles, mais c’était souvent au prix d’une longue régénération où les tâches brunes sur sa peau d’albâtre demeurait plusieurs jours voir semaines. Personne ne puis cependant affirmer qu’il en souffre, c’est de toute manière une notion très vague chez le saigneur depuis de nombreuses décennies…

Il longea les corridors et emprunta les souterrains amorcés dans l’aile nord, plus long et laborieux que les autres mais faisant cependant l’objet d’une décoration macabre à base de crânes, d’ossements et de jeux de lumière avec ceux-ci. Le passage débouchait à force d’intersections, de croisement et d’impasse, sur une alcôve reliant la chambre du golem et les niveaux inférieurs. Une rune en clos l’accès de manière à ce que nul serviteur ne l’emprunte, s’ensuit un long colimaçon débouchant dans les abysses d’Anagura.

Un labyrinthe oscille entre cachots, salles de tortures, oubliettes et couloir sinueux offrant multiple possibilité de cheminement. L’agencement est tel que chaque serviteur habilité s’y rendre emprunte un itinéraire personnel. Chaque passage s’inter croisant de manière à ce qu’un seul ne puisse s’y aventurer à la fois et qu’aucun autre ne puisse y entrer sans qu’il en soit ressorti.

La voie empruntée par le golem est toutefois moins contraignante, nécessitant l’utilisation de la télékinésie pour passer de gigantesques vantaux de pierre.
Une fois franchis tous ces artifices, le souterrain débouche sur une pièce centrale aux murs épais et denses. La salle et meublée de manière semblable aux appartements du « saigneur », une bibliothèque composé de grimoire et manuscrits dont la plupart ont été rédigé par Lucifel lui-même, traitant de magie élémentaire, botanique, médecine etc. Un pupitre est disposé à côté d’une archelle contenant divers flacons et fioles à base de plante, des herbes à pipe et autres poudres d’encens… Enfin un orgue monumental orne la pièce dont le son puissant et harmonieux remonte au travers des conduits et aérations pour se dissiper dans l’ensemble du manoir. Il n’est pas rare d’entendre ses mélodies lugubres lors des nuits de pleine lune, comme une douce litanie en l’honneur d’Hécate.

Depuis peu, une couche soyeuse et luxueuse avait été installée à l’intension d’Ambre, la crypte se présentant comme ses nouveaux quartiers de résidence. A moins qu’il ne s’agisse d’une prison ?

C’est dans cet instant où les questions inéluctables tourmentaient la jeune femme que le golem choisi de faire son entrée. Le son de ses pas résonant sur le sol avec une lenteur déconcertante, la porte céda sous une force psychique avant que le silence n’installe à nouveau son règne… Pour quelques secondes.

Un interlude qui sembla durer des heures tandis que le golem restait sur le pas de la porte à humer le parfum tendre et enivrant de son élève. Les effluves de sa peau qui semblait frémir sous l’air tiède, cette peau tachetée de son aux fragrances acides et subtile qui recelaient une pureté angélique et délicieuse…

Lucifel entra dans la crypte un sourire bienveillant aux lèvres et une lueur accablante de salacité dans ses prunelles d’améthyste…

*la jeune femme referme séchement le livre qu'elle était en train de consulter...son visage blème tourné vers la porte venant de s'ouvrir.
Ses yeux sont encor humides des larmes de rage qu'elle a versé tantôt...

Elle se lève de sa couche et incline le buste, poliment, comme si de rien n'était, comme elle le faisait à chaque fois qu'elle le voyais*

Seigneur Lucifel...

*elle se redresse un sourire formel au bout des lèvres*

avez vous pu réparer les dégats? encor une fois je suis vraiment confuse de ma maladresse...

huum, cette chambre est très bien...mais il faudrait me donner le moyen de pouvoir traverser le dédale des cryptes...car je craind de m'y perdre...