De sa démarche princière, il quitta
ses quartiers et emprunta à nouveau les souterrains pour se diriger vers le sanctuaire sous-jacent à la salle de séjour…
La petite cellule aménagée en sanctuaire dissimulait derrière l’autel d’un tiers subreptice menant dans l’antre de Méléna.
Une alcôve sombre où la faible lueur des chandelles éclaire une voûte de pierre creusée en de nombreuses petites cavités où reposaient divers grimoires et fioles.
Une fragrance de myrrhe domine largement l’opium et l’iris que Méléna savait mêler à la perfection. Le décor était sinistre, méphistophélique, et les nombreux crânes qui jonchaient les murs avaient toujours suscité chez Lucifel une certaine appréhension de l’évolution de son amante. Se pourrait-il que par certains allants, celle-ci puisse se montrer plus lucifélienne encore que son propre créateur ?
Une certaine morosité régnait au point que la visite du golem sonnait sur le ton de funérailles et de deuil. Peut-être était-ce le sien, en personne, qu’il célébrait intérieurement tout comme le laissait paraître la kaïnite elle-même.
Il s’avança d’un pas présomptueux jusqu’au centre de l’antre et se courba pour poser un genou à terre. Ses mains agencées dans son dos dissimulaient le coffret d’ébène, tandis que son visage penché vers le sol était voilé par un linceul de cheveux fins et violacé, ses yeux d’améthyste dressés en direction du vampire, il murmura d’une voix satinée :
- Le flot incessant d’un sang impur a coulé dans mes veines depuis notre dernière rencontre. Le voila maintenant châtié à l’instar d’une brume opaque et méphitique. C’est ainsi que je me présente devant toi, simulacre de moi-même, pour régner à nouveau sur ton cœur nécrosé.