Xéranthème licencieuse

Les deux vampires traversèrent le corridor pour atteindre le long colimaçon qui mène à la partie principale du manoir, croisant au fil de leur marche les différentes salles de la grande demeure des Seïgura. Et Lucifel de donner au fur et à mesure les injonctions au jeunes servante.
Ce dernier prit plaisir à présenter à son acolyte l’illustre arène qu’il avait fait édifier quelques temps plus tôt, destiné à l’entraînement physique et aux défit récurrent dans le clan. KindeaTh fut d’ailleurs privilégié de pouvoir entrevoir l’architecture de la pièce avant son achèvement.

Plus tard ils arrivèrent enfin dans le living-room, on avait agencé spécialement deux divans Romains au centre de la pièce au milieu desquels on avait placé une petite athénienne surmonté de divers ornement. Une fine nappe de soie noire enveloppait le bois massif. Un chandelier doux au regard au dessus duquel on avait placé de l’huile de xéranthème, contenue dans une coupe de bronze. Elle exaltait dans la pièce son doux parfum exotique. Il y avait aussi diverse pierreries arborant des tintes pourpres ou carmin jusqu’au bleu marin des belles nuit hécatéennes. Sur les murs diverses fresques peintes sur des toiles épaisses contaient les grandes légendes du désert dans un style égyptien d’une étonnante ténuité et dans des tons chaleureux rares chez les hécatéens …

Lucifel fit installer son invité sur l’un des divans et prit place dans le second. Trois servantes s’affairèrent alors, la première dressant deux coupes de liqueur de sang d’elfe, tandis que les autres après avoir débarrassé les parures qui couvraient l’échine des vampires, les massèrent avec toute la dextérité que l’on pouvait prêter à des Seigneurs de hauts rangs .
Lucifel aimait à combler l’attente de ses hôtes d’une telle manière, ne cachant point son goût pour la luxe, bien au contraire, l’affichant allègrement…
Deux éphèbes entrèrent par la suite se prosternant devant eux, leur peau diaphane faiblement couverte par une étoffe grec d’un blanc immaculé. Leur musculature était bien dessinée sans être vulgaire et volumineuse comme le serait celle d’un guerrier, leurs traits étaient fins sans que l’on vu une seule partie osseuse de leur maigre corps, ils incarnaient la force masculine dans une intense pureté.

Satisfait, le jeune Seigneur brisa de nouveau le silence et entonna d’une voix limpide :

- J’ose croire que vous apprécierez un sang aussi délectable que celui, j’en ai pour ma part rarement connu de meilleur. Veillez cependant à ne pas ôter la vie à ces petits Appolons, ils se font tellement rares de nos jours qu’il serait dommage de les perdre si vite…

« Pardonnez moi Lucifel, mais quitte à choisir, je préfère accorder mes baisers sanguinolents à la gente féminine, du fait de la haute connotation érotique que comporte l’acte … »

Et c’est ainsi qu’en moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, le poignet de la masseuse se retrouva engoncé dans la vorace mâchoire du vampire lokien. KindeaTh s’y abreuvait à toute pompe, aussi goulûment que ses succions successives le lui permettaient.

Le sang s’injectait avec la célérité d’un carreau d’arbalète, du bras de la jeune femme jusqu’aux canines acérées du mort vivant, à un rythme soutenu, tant et si bien, que l’on pouvait lire sur les traits du visage de la servante la lividité progressive et naturelle de tout être ponctionné si sévèrement de sa vitae.

Parallèlement, les muscles du vampire se contractèrent, et son enveloppe corporelle semblait gonfler sous cet afflux sanguin inopiné. La mort frapperait déjà aux portes de la pauvre domestique si le lokien n’avait pas cessé de boire au plus vite de ses possibilités … La ménagère retomba lourdement au sol, lorsque l’étreinte se desserra, libérant son membre accidenté …

La gueule en sang, le vampire ne manqua pas de s’essuyer sur le tablier de sa victime gisant désormais au sol, avant que le fluide ne vienne encrasser son pourpoint … Assis, sur son divan, après sa soif satisfaite, il reprit peu à peu conscience, laissant fuir loin de lui la sauvagerie providentielle, si caractéristique de son état.

Il prit alors conscience, le regard posé sur le teint livide de la demoiselle, marqué par une expression totalement insipide, de ce qu’il venait de faire. Sa victime inondait le sol de son sang, respirant par à coups et soubresauts, l’œil figé … Le portrait craché d’un poisson que l’on ôte de l’eau … Ses jours n’était pas comptés, mais l’on pouvait lire sur son visage la faiblesse et le traumatisme qu’elle subissait sur le moment.

L’intensité, si récurrente dans le regard du lokien, déclina peu à peu … Avant de se reprendre. Non pas qu’il se chargeait de la fierté de son état Vampirique, bien au rebours, mais des imprécations qu’à l’instant même il proférait secrètement contre Arikel, pour être responsable de l’incarnation de sa prédation.

*Mortels, si vous saviez comme la non vie est un lourd et malheureux fardeau … Comparée à notre existence, votre rivière de larmes ne saurait être qu’une bénédiction*