« Pardonnez moi Lucifel, mais quitte à choisir, je préfère accorder mes baisers sanguinolents à la gente féminine, du fait de la haute connotation érotique que comporte l’acte … »
Et c’est ainsi qu’en moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, le poignet de la masseuse se retrouva engoncé dans la vorace mâchoire du vampire lokien. KindeaTh s’y abreuvait à toute pompe, aussi goulûment que ses succions successives le lui permettaient.
Le sang s’injectait avec la célérité d’un carreau d’arbalète, du bras de la jeune femme jusqu’aux canines acérées du mort vivant, à un rythme soutenu, tant et si bien, que l’on pouvait lire sur les traits du visage de la servante la lividité progressive et naturelle de tout être ponctionné si sévèrement de sa vitae.
Parallèlement, les muscles du vampire se contractèrent, et son enveloppe corporelle semblait gonfler sous cet afflux sanguin inopiné. La mort frapperait déjà aux portes de la pauvre domestique si le lokien n’avait pas cessé de boire au plus vite de ses possibilités … La ménagère retomba lourdement au sol, lorsque l’étreinte se desserra, libérant son membre accidenté …
La gueule en sang, le vampire ne manqua pas de s’essuyer sur le tablier de sa victime gisant désormais au sol, avant que le fluide ne vienne encrasser son pourpoint … Assis, sur son divan, après sa soif satisfaite, il reprit peu à peu conscience, laissant fuir loin de lui la sauvagerie providentielle, si caractéristique de son état.
Il prit alors conscience, le regard posé sur le teint livide de la demoiselle, marqué par une expression totalement insipide, de ce qu’il venait de faire. Sa victime inondait le sol de son sang, respirant par à coups et soubresauts, l’œil figé … Le portrait craché d’un poisson que l’on ôte de l’eau … Ses jours n’était pas comptés, mais l’on pouvait lire sur son visage la faiblesse et le traumatisme qu’elle subissait sur le moment.
L’intensité, si récurrente dans le regard du lokien, déclina peu à peu … Avant de se reprendre. Non pas qu’il se chargeait de la fierté de son état Vampirique, bien au rebours, mais des imprécations qu’à l’instant même il proférait secrètement contre Arikel, pour être responsable de l’incarnation de sa prédation.
*Mortels, si vous saviez comme la non vie est un lourd et malheureux fardeau … Comparée à notre existence, votre rivière de larmes ne saurait être qu’une bénédiction*